Les jeunes de Kerasia

Posted on Août 23, 2009 in Expédition 2009, Grèce, Thessalie/ Macedoine

Kerasia: petit village trouvé par hasard sur une route de montagne dans la région de Thessalie, située au centre de la Grèce.

Ici, la plupart des jeunes habitent dans les grandes villes comme Thessalonique ou Athènes pour y faire leurs études. Depuis toujours, ils retrouvent leur famille chaque mois d’août et c’est l’occasion pour eux de se voir entre vieux amis, le temps d’un été. Ils sont hébergés par leurs parents ou grand-parents, habitant le village à l’année.

Lia, 20 ans, travaille comme serveuse dans le bar de son grand-père durant les grandes vacances: « J’aime revenir à Kerasia, car j’y retrouve mes amis d’enfance et je peux aider mon grand-père à servir les clients ».  L’hiver, Kerasia compte environ 80 habitants alors qu’avec l’arrivée des jeunes et leur famille, le nombre s’élève à 600 habitants.

En Grèce, le calendrier du mois d’août est basé sur des festivals et des fêtes religieuses. Ces fêtes sont un moyen de reprendre racine et de garder un contact avec leurs traditions et leur identité culturelle. Même si quelques uns ne pratiquent pas les danses traditionnelles, il sont très attachés à ces moments symboliques qui les éloignent des difficultés quotidiennes qui pèsent sur eux tout au long de l’année.

En effet, la majorité des jeunes grecs font partie de « la génération 700 euros ». En décembre, des émeutes ont été déclenchées après la morts d’un jeune garçon âgé de 15 ans, tué par la police lors d’une manifestation. Apparaissant quelques mois après la crise économique, ces émeutes traduisent en fait des problèmes économiques et sociaux très présents dans le pays. Pour se faire reconnaître, les manifestants se sont fait appelés « génération 700 euros », terme qui montre leur forte précarité face au niveau de vie trop élevé en Grèce.

Tous les jeunes de Kerasia se reconnaissent dans ce mouvement: ceux qui sont en cours d’études ainsi que ceux ayant obtenu leur diplôme savent d’avance que leur premier emploi ne sera pas rémunéré à la hauteur de leur qualification. De plus, il n’existe pas de sécurité à l’emploi leur permettant une stabilité financière fiable.

Minas, un jeune homme de 22 ans, revendique ouvertement son esprit rebelle: « Si l’Etat nous met la pression, on répond par la casse et la violence ». Il est extrêmiste, néanmoins la plupart des jeunes d’ici sont prêt à descendre dans les rues pour se faire entendre.

Anastasia, âgée de 24 ans et sortant tout juste de ses études en médecine, sera rémunérée 700 euros pour son emploi l’année prochaine. Elle est consciente qu’elle devra acquérir de l’expérience avant de voir son salaire augmenter, ce dont elle est certaine, mais sans savoir combien de temps cela prendra.
La jeunesse grecque est assez pessimiste quant à l’évolution de sa situation socio-économique. Malgrè cela, elle espère sans grande conviction que le gouvernement finira par l’écouter et que des changements se produiront dans un futur proche.

Kathleen Berezay et Ariane Julien