Mirela, manouche, musique et mystère

Posted on Juil 30, 2008 in Expédition 2008, Iaşi, Roumanie

Flamonzi, c’est l’histoire d’un roi Roumain qui promit aux Tziganes de leur donner une terre s’ils l’aidaient à gagner la guerre. D’après la légende, jamais le roi n’honora sa dette envers le peuple gitan. Ceux-ci, condamnés à l’errance, se sont depuis dispersés dans le vaste monde, si bien qu’aujourd’hui ils sont présents un peu partout en Europe et sur la terre, sans être chez eux nulle part…

C’est Mirela, chanteuse de 24 ans, étudiante à Iasi en Moldavie, qui m’a contée cette histoire, fable du malheur qui frappa ce peuple.

Aujourd’hui en Roumanie, dire qu’on n’aime pas les tziganes, c’est un peu penser comme tout le monde. Menteurs, voleurs et buveurs invétérés, n’allez pas chercher plus loin : c’est eux, là, dans leurs caravanes. Déguenillés, mendiants et sales, c’est encore eux.

Loin de rejeter cette culture qui selon elle, fait partie du patrimoine de la Roumanie, Mirela voudrait la «comprendre à travers la musique». Avec son groupe de rock, «I hate Mondays», elle explore et redécouvre à partir des textes anciens et mélodies lautari, la musique traditionnelle tzigane.

Poussée par la curiosité et le désir de comprendre le sens des paroles qu’elle chante, elle a voulu apprendre le Rromani, la langue des Rroms.

À Ciurea, où vit une importante communauté tzigane, Mirela a rencontré Alba, une jeune femme avec qui elle a conclu un accord: Alba lui apprendrait sa langue en échange de cours d’anglais. Au début de l’hiver, Mirela s’est rendu compte que leur pacte coûtait cher à son amie, battue par sa famille pour avoir divulgué le secret de la langue des Rroms à une gadjo, une non tzigane.

Mirela se refuse à juger les tziganes ou encore leur manque d’ouverture, car leur charme vient aussi du mystère qui enveloppe leur vie, leurs rites, leur langue.

De toute façon, autant se résigner : le monde de Ciurea semble trop étrange pour être compris. Et même si des centaines de questions assaillent l’esprit, mieux vaut encore ouvrir grand les yeux et la bouche devant ces maisons surchargées et opulentes qui font la fête avec les couleurs comme les robes multicolores des femmes qui y vivent.

Mais la curiosité l’emportant, l’une des premières questions que l’on se pose est: Comment font-ils pour construire ses palais? Les gitans de Ciurea s’occupent essentiellement de «trouver», revendre, échanger du métal. Traditionnellement, ils font partie de la communauté qui fabriquait des seaux, les càblàrari, mais leur métier a évolué avec la société qui les entoure. Les Rroms sont en effet traditionnellement partagés en six sàtrà : les càblàrari, les lingurari qui fabriquent des cuillers en bois, les Xurari des bijous en or, les Xiurari des tamis à farine, et enfin les Ursari, des dresseurs d’ours. Ces derniers, sorte de troubadours à la roumaine, montaient des spectacles de village en village dans toute la Roumanie. À l’aire du passeport et de la propriété privée, la tradition du divertissement est restée, le nomadisme en moins. Les chants et la musique lautari empreints de nostalgie reflètent encore aujourd’hui la douleur d’un peuple dont «la vie est si noire qu’il a besoin de couleurs».

Floriane

One Comment

  1. Belle que ce soit l’histoire, la verite est que tous les tziganes ne viennent pas de Roumanie, ils sont des nomades originant de l’Inde du Xe siecle, d’apres les demographes qui les ont etudies. C’est vrai qu’ils n’ont pas de documents historiques de leur propre production et se basent sur des legendes et des myths, d’ou les differentes versions qu’on peu entendre dans differents endroits du monde. Ils essayent de garder leur propre culture, pour se mentenir une identite collective, et pour cela ils ont du mal a s’adapter aux normes de la societe moderne. Il etait une epoque ou leurs metiers etaient neccessaires (meme s’ils se sont toujours situe en bas de la hierarchie sociale, ou qu’ils etaient) mais face a l’industrialisation on a de moins en moins besoin de leurs services.
    Ils restent de chanteurs tres doues (voix et instruments) et, comme tous les nomades, des ‘debrouillards’ a un point ou on arrive a les eviter et les stigmatiser, car leur comportement ne correspond pas a nos normes.