Matin et soir, c’est toujours la même rengaine : clochettes autour du cou et chiens aux trousses, les moutons suivent le bâton du berger et bêlent dans le champ recouvert d’herbe séchée par le soleil. Un soir, intriguée par ce manege, je pars à la rencontre d’une fillette et de sa mere qui surveillent leurs bêtes, assises sur une botte de foin. Je prends quelques clichés et essaye de communiquer avec eux, en vain. Juste au moment où je commence à me décourager, un homme dans un pick-up noir s’avance dans ma direction.
Pendant une fraction de seconde, tout se bouscule dans ma tête et je me demande si ma présence est la bienvenue. Une quarantaine d’années, la peau assez mate, casquette de camouflage sur la tête et treillis, il s’avance et me lance un grand sourire. Tout de suite, il me met à l’aise en m’offrant des gâteaux et me demande d’où je viens. Quand je lui réponds que je suis française, ses yeux noisette pétillent et il entame la conversation. Il s’appelle Nikos, mais on le surnomme Beyl qui signifie « patron » en Turc. Chaque été, il emmène ses moutons dans le champ tandis que l’hiver, les bêtes restent dans la montagne juste à côté de son village natal à quelques kilometres d’ici. Il m’explique avec fierté que sa famille s’occupe des moutons depuis des générations (son arrière grand-père en avait mille) et qu’il fabrique la meilleure feta de toute la Grèce 🙂 !!!
Nous bavardons pendant des heures de tout et de rien sans nous rendre compte que la nuit tombe, ce sont les moutons qui nous rappellent à l’ordre en essayant de s’évader sur la route. Avant de nous quitter, il m’invite mes amis et moi à venir à la fête du village le lendemain et de nous y emmener dans son pick-up.
Kathleen Berezay